vendredi 18 février 2011

BANKSY 2011 : L’interview exclusive !

BANKSY 2011 : L’interview exclusive !




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BANKSY 2011 : L’interview exclusive !


Le visage de Banksy, ses débuts dans le tag, sa vision du street art, son avis sur faite le mur.

FSmag : Hello Banksy !

Banksy : Hello !

FSmag : Merci de nous accorder cette interview. Tu es un street artist anglais de 35 ans, connu mondialement pour tes pochoirs, et ton travail connait depuis quelques années un succès fulgurant dans le marché de l’Art, qui était l’ancien Banksy, le Banksy d’avant, un pauvre fucking loser au chômage dealant du shit et taguant des “Nike la police” avec des krylon volées ?

Banksy : (rire) Ouep, c’est a peut près ça, pour payer mon crack, je faisais des passes en temps que travelo britney spear et c’est comme ça que j’ai chopé le sida. Ah ah. Ta question est intéressante, car en effet, le street art passionne toutes les générations, et toutes les classes, du jeune ado dans une cité grise, au fils de bourgeois préparant science po, c’est à la fois une mode, une révolution, un art complet, une université libre. Si tu regarde bien, ZEUS, OBEY, ANDRE et moi, somme de la hight middle class, blanc juste ce qu’il faut pour ne pas se faire éclater systématiquement par la police, et suffisamment riche pour pouvoir, au pire, payer les amandes. Ce qui se passe en ce moment, est je trouve assez fulgurant, je pense que le web y est pour beaucoup, les choses fusionnent et ce qui était underground et dur à trouver, aujourd’hui est à la même tribune exposée que les autres choses. Antoine Vêpres disait, dès 1990, en voyant les tags de Boxer, bando, mode 2 “Il ne s’agit pas là de vandalisme, de taches laides salissant les murs, c’est de la pure et sublime calligraphie. Il en va de même pour les graphs”. Je crois qu’il faut bien comprendre cette chose, je ne suis pas un street artist, mais plutôt un artiste, un artiste d’atelier, formé à l’école, ayant suivi des cours d’histoire de l’art. Le point commun, entre Zeus, Obey, André et moi, c’est que l’on n’est pas soumis à la société, on voit, naturellement, les choses différemment, la nuit, quand je me balade, et parce que j’ai travaillé toute la journée sur une œuvre, je tague un mur, je fais un pochoir par ci par là, mais pas parce que je suis un tagueur, pas pour le hip hop, ni pour les blacks panthers, tout simplement parce que je suis un artiste un peu fou qui ne comprend pas que ce mur appartient à quelqu’un, pire parce que je pense que ce mur m’appartient autant à moi qu’aux autres. Dans un sens, nous sommes soit des malades mentaux qui ne comprenons rien à la société, soit des indressables, sans peur, s’appropriant les murs de nos existences, on vit beaucoup dans un monde de loi et de propriété, or, et les fresques de lascaux le montrent, l’humanité a d’autres solutions, peut vivre autrement, et on le voit bien, le monde tel qu’il est ne satisfait que trop peu de gens, seul une minorité en profite. Pour en revenir à ta question, c’est un paradoxe, en effet, les jeunes tagueurs/grapheurs s’intéressent peu à l’art, ils ont un rejet puéril de la bourgeoisie, par exemple, pour certain jeunes grapheurs, une fresque ne doit être faite qu’à la bombe, c’est ridicule, et d’autre, tout autant catégorique, excluront toutes notions de vente, de marché, de collectionneur, pareil, c’est ridicule. En ce sens, je suis un artiste d’atelier destiné à exposer des œuvres vendables, qui fait du street art non pas dans la tradition révolutionnaire adolescente, mais comme un citoyen libre et inconscient, et la magie de tout ça : une transmutation des valeurs, une nouvelle niche, des nouveaux horizons, à la fois pour les street artistes qui peuvent redéfinir leurs carrières avec et dans la société, et pour les collectionneurs et le marché de l’art, enfin, l’accès à une pensé populaire, dissidente et urbaine.

FSmag : Je suis étonné, tu critiques ici un peu le street art.

Banksy : Je pense que le street art n’est pas exempt de critique, prenons les publicités, rébarbatives, omniprésentes, véritable accumulation de Armand, là, les tagueurs sont les mêmes, a quoi sert d’être présent sur tout les murs, le plus possible, à moi, ça ne me sert à rien de voir 40 000 fois le même tag, c’est inutile. Et pourtant, c’est ça la culture du tag, accumulé, comme des afficheurs de pub capitaliste. LA dissidence du street art est importante et c’est pour cela qu’il faut être des artistes intelligents, hors névrose. En ce sens j’adore le travail de Ben Barney, qui pendant 20 ans, a tagué, mais toujours des mots différents, inspiré par l’environnement, WAR près de telle station essence, EJECT devant tel boite de nuit, etc…. Et dans le même genre, Ben Vautier et ses tableaux phrases. Le grand Ego Tripin des tagueurs, c’est de la merde, il faut vraiment qu’ils s’en rendent compte, en ce sens, oui, je pense que mon travail a dépassé cela, quoi qu’on en pense, le moule de la culture tag est sclérosé et c’est dommage, car chaque génération a un témoignage particulier à offrir et chaque vie, des révélations.

FSmag : Le public aime ton film, “Faite le mur” mais dit que tu tires la part belle.

Banksy : Ce film est une pure opération marketing. Je remercie d’ailleurs les gens qui m’ont aidé à le faire. Parfois, ils me disaient : “non, non, là, on doit redevenir spectateur et se concentrer sur nos ressentis”. C’est un excellent travail de manipulation et de propagande. J’ai appris beaucoup en faisant ce film, notamment sur l’utilisation des sons, et des rythmes dans le montage. Du coup, maintenant, je vois les films totalement différemment, et je revisionne tout les classiques avec un œil différent.
On a vraiment réfléchi aux idées véhiculées par le film avant même de commencer à allumer un ordinateur. Le premier constat était que mon ascension allait créer de l’adulation, de la jalousie, du mal être, de l’espoir. Et du coup, on a construit l’histoire de cette manière : “passion, déroute, humour, lose, frustration, victoire sociale, humanité, etc…..” au lieu de faire des histoire et des chapitres. Aussi, on faisait voir des bouts de film à des amis, et on regardait leurs visages, on écoutait leurs commentaires. Au bout du compte, on tranché pour ces grands axes : le spectateur doit être encouragé à créer dans la révolte, ne pas être frustré d’être un loseur incapable de vendre une œuvre, être capable d’anticiper sur l’avenir, et surtout, finir le film en continuant à réfléchir tout en s’étant amusé tout le long”. Je crois que c’est réussi. Quand à mon positionnement, il est réfléchi, certes, je m’impose et j’impose mes amis, en ténor, autoproclamé, et beaucoup de gens m’ont dit que c’était bête, parce que avant même de voir le film, j’avais leurs faveurs, mais voilà, je vends des œuvres, avec l’argent je peux éviter la prison avec un bon avocat, je peux aller partout dans le monde, acheter le matériel que je veux, mais surtout, je peux, car aujourd’hui j’ai les mêmes moyens financiers que les grands galeristes, acheter ma liberté et rivaliser avec les marchands, qui n’auraient pas hésité à me la mettre profond. Mais surtout, si je me suis mis en avant, avec toutes les manipulations que ça implique, c’est parce que c’est le seul documentaire que je ferai et que je sais à l’avance que tout les autres documentaires qui parleront de moi ne me plairont pas, du coup, oui, je me fais mon trip, car je sais que je suis à présent entré dans l’histoire et que ce documentaire est ineffaçable. Ceux qui voudront me flinguer auront du mal, car se documentaire enfonce un clou. Je dois l’avouer, c’est un documentaire fait pour le monde entier, de la boulangère de Tokyo à la caissière du minimarket dans le Michigan, mais aussi, pour les collectionneurs qui ont payé une fortune une œuvre qui coute, prix de fabrication, 20 dollars. Le paradoxe étant qu’avec plus de moyen, j’ai pu faire la cabine téléphonique, entre autre.

FSmag : Tu es dur à contacter, il est impossible de te rencontrer, pourquoi cette anonymat ?

Banksy : C’est simple, 3750 € (en France) et un travail d’intérêt général, c’est le prix d’une amende pour un graffiti. Avec récidive, c’est du sursis. A mon niveau et dans une application stricte de la loi, c’est la prison ferme. Or, note, je ne promeus pas la délinquance, mais la liberté et surtout l’insoumission. Pour moi, il est important qu’il y ait des chiens libres pissant du jus sur les murs de la civilisation. On nous arnaque sur tout, de la propagande des médias, en passant par l’exploitation au travail, la soumission face aux patron, obligatoire, le manque de prise d’initiative. 20% de la population mondiale possède 80% des richesses, les dés sont pipés. Dans ce jeu, la population se doit d’avoir un sacré sens de l’humour, un peut de poésie mais surtout, ne pas se taire, ne pas obéir, c’est primordiale.

FSmag : Je peux poster les photos de toi qu’on a faite cette aprem ?

Banksy : C’est ton interview exclusive. Fait toi plaisir l’ami.

FSmag : Comment tu es devenu street artiste ?

Banksy : C’est assez jeune, je crois que la rue n’es pas le moteur immédiat, mais le support décalé, je me souviens, j’ai passé des années a dessiner des rats sur les tables de classe de mon collège, surtout en cours de science naturelle, c’est pas que la reproduction, les spores, la dissection des couilles de mollusques me désintéressaient, mais la prof était à la fois chiante et laxiste, c’est dans son cours de 3 heures d’affilé que j’ai commencé à bien progresser en dessin. Et puis, les convocations chez le directeur, parce que j’étais passé du crayon à papier, au stylo à bille, au marqueur indélébile. Mais pour la rue, c’est assez jeune, je suis allé en France pour un programme d’échange, la famille d’accueil était supra marrante, on bouffait comme des rois chaque soir, parce que le papa ours de la famille dévalisait à son bouleau des stocks de poissons, crevettes, et autres trucs de la mer. Un soir, le fils de la famille m’a dit « on fait le mur ce soir ? ». En bon british je me suis dit : « on va chez des françaises pour des séances de pelotage et de gamelle au gout buble gum », rien de tout ça. On est allé à la gare, là, nous a rejoint un jeune parisien d’origine asiatique, il avait un sac a dos immense remplit de bombes de peinture, et nous a tendus des paquets de clopes remplies de joints de marijuana, de pollen, d’afghan. J’avais jamais vu un type autant organisé dans la smoke. De 23h00 à 04h00 du matin, on a littéralement déchiré la ville, un patelin de 4000 habitants. Je me souviendrai toujours du bruit de la bombe, son jet puissant et la perfection de ses traits, c’était jouissif. Mes premiers tags étaient rapides et mal fait tellement je flippais, et puis, j’avais même pas de pseudo, du coup, je changeais de nom, cherchant le bon enchainement des lettres. Meek, Zyppy, Sado, Cheam….. Les types avec moi avaient des lettrages incroyables, c’était de la calligraphie de maître, celui qui m’hébergeait était OZE TWO, son pote était Ownea. Le « A » final de OWNEA était incroyable de beauté. Vers 2 heures du matin, y’avait plus un seul mur vide dans la ville, on a vraiment tout couvert, et on a bifurqué vers la voie de chemin de fer. Jeune, j’avoue, j’avais supra peur, des flics, de la nuit, des no mans land, et soudain, au loin, on voit une bande de 7 types sur les rails, on s’approche, ils s’approchent, un peut flippé, ouf, des tagueurs aussi. Miracle ou pas, parmi eux y’avait MODE TWO du 93 NTM (un pote de OWNEA). Et là, j’ai compris que ce type était un génie de la calligraphie. On a fait quelques kilomètres ensemble, et on a poser des tags. C’est la ou j’ai appris à faire des teurps et des flops. Voyant que Mode 2 posait mon blaze, magnifique, j’ai fait de même, et là, Ownea m’a dit : « non, non, ne fait pas ça ». J’étais un peut vexé, mais quelques minutes après, on a croisé un mur blanc qui venait d’être repeint . Ils ont courus, je pensais qu’ils allaient faire des tags en Fat Cap, mais non, comme des fourmis, ils se sont mis à 4 sur le mur. Moi, je me suis assis pour les regarder en me fumant un bon gros joint. Vingt minutes après, y’avait le plus beau graph que j’avais jamais vu de ma vie. Et j’ai compris qu’on ne faisait pas de vandalisme, mais de l’art.
Pour finir l’histoire, le lendemain et parce que le papa ours de la famille d’accueil savait qu’on avait fait le mur, il nous a amené dans le centre avec sa voiture, et il nous disait : « je tourne à droite ou a gauche » et le fils de dire « A gauche, a gauche, vers le coiffeur » et on a fait le tour de tout nos tags, et le père était éclaté de rire. J’ai jamais vu un père aussi cool.
Deux semaines plus tard, j’étais rentré en Angleterre, je recevais une lettre de France, avec un article de presse : « Suite aux actes de vandalisme, les commerçant ont décidé…. La marie s’engage à….. » et puis une photo, avec mon tag dessus. J’avais connu la nuit libre et magique, traversant la zone comme dans stalker de Tarkovsky et je voyais comment une des plus belle soirée de ma jeunesse était retranscrite par la presse. Consciemment, cette nuit est le début de ma carrière. J’ai eut de la chance de tomber sur ces types là, ils aimaient dessiner et peindre avant tout, quelque soit le support.

(graph de mode two)


A PROPOS : Ceci est le premier article d’une série de 14. Chaque semaine, nous publierons la suite.
A venir :
2/14 : Le mur en Palestine et l’aide d’un agent du Mossad.
3/14 : Les 4 roumains, après deux ans de préparation, vendent des faux Banksy.
4/14 : Banksy et les squarts. Un atelier de 12 000 M2.
Remerciement : A ZEUS et Tigrane nous ayant aidé pour cette interview.
Traduction : SAILLE-PFEUL-MEDIA

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